Composé d’experts internationaux du numérique, le Monaco Digital Advisory Council a pour mission de conseiller les autorités monégasques dans l’élaboration de leur stratégie numérique.
Depuis novembre 2018, la Principauté s’est dotée d’un “haut conseil“ du numérique, placé sous la présidence du Prince Albert II : le Monaco Digital Advisory Council (MDAC). Piloté par Frédéric Genta, Délégué Interministériel en charge de la Transition Numérique, ce collège d’experts, venant du monde entier, avocation à proposer des orientations pour répondre aux principaux challenges que la Principauté affronte sur le plan du numérique.
Des axes de réflexion….
Le Monaco Digital Council a commencé par se pencher sur les priorités et objectifs à atteindre dans les domaines clés : infrastructures, smart city, éducation, santé, e-gouvernement, et économie (thème en focus de l’édition 2019). Parmi ses préconisations, on notera notamment l’importance de fixer un plan d’actions détaillé, la construction d’une marque forte (désormais Extended Monaco) ou encore le développement d’une smart city monégasque – avec l’internet des objets – mais aussi d’une administration 100% digitalisée. Connecter les hommes, les véhicules et les infrastructures, permettre de favoriser la mobilité douce, développer une plateforme au moyen de la technologie Blockchain, etc… sont autant d’axes de réflexion qui ont été réalisés (ou en passe de l’être) en Principauté courant 2019 au travers d’une trentaine d’initiatives.
…Transformés en actions
Avec le programme #ExtendedMonaco, l’année 2019 a en effet été riche de mises en application, notamment dans la smart mobilité (Citymapper, Monabike, navette autonome, etc) et le e-governement (téléservices, équipement informatique et formation aux outils digitaux pour les fonctionnaires et agents de l’Etat, passeport digital pilote, etc.). Selon une étude de l’ONU, Monaco a d’ailleurs doublé son index de e-gouvernement entre 2016 et 2018. La Principauté a dépassé la moyenne des pays mondiaux en terme de dématérialisation de services et ce n’est qu’un début. Elle compte bien rejoindre la moyenne européenne, ce qui correspondrait davantage à un pays aussi moderne.
Des étapes décisives franchies : de la 5G au coding à l’école
Première étape charnière à l’été 2019 : Monaco est devenu le premier Etat au monde à déployer la 5G sur 100% de son territoire, en partenariat avec Huawei. Ce déploiement représente un levier de croissance considérable dans de nombreux secteurs économiques (smart city, médias, transports, e-santé) et un gisement d’opportunités : intervention de drones connectés pour les pompiers, développement des véhicules autonomes, télémédecine… La 5G, tout comme la 4G à son époque, apporte un nouveau champ des possibles qu’il est encore difficile de qualifier et quantifier.
Autre réalisation concrète : la mise en place de l’enseignement de la programmation informatique dans les établissements scolaires monégasques. Monaco est devenu en septembre 2019 le premier pays à promouvoir les cours de coding à l’école, pour les élèves de 5 à 16 ans. 100% des élèves de la grande section de maternelle au collège (et bientôt du lycée) bénéficient désormais d’une heure d’enseignement en moyenne par semaine.
Enfin, Monaco est en passe de lancer une plateforme ICO (levée de fonds en cryptomonnaies) dotée d’un cadre légal et réglementaire. Objectif : créer un cercle vertueux : « Concrétiser un financement alternatif en ciblant des entreprises liées à “l’économie positive” permet de créer de l’emploi et de la croissance », martèle Frédéric Genta. Implantée en principauté, la société Icebreaker du réalisateur oscarisé Luc Jaquet, spécialisée dans les documentaires environnementaux, est la première à bénéficier de cet écosystème et à générer de l’emploi.
« L’impact du numérique sur la croissance d’un pays est estimé entre 1,5 et 6% du PIB »
Pour le MDAC, il est évident que le digital peut participer à un nouveau chapitre de prospérité pour Monaco. Notamment en attirant des entreprises mais aussi des résidents grâce à un cadre légal, et une infrastructure propice à la révolution digitale. Certaines études estiment en effet l’impact du numérique sur la croissance d’un pays entre 1,5 et 6% du PIB. Certaines technologies « disruptives » (réalité virtuelle, cloud, blockchain, robotisation, etc.) ont donné naissance à un nombre incroyable de nouveaux métiers (e-commerce, cybersécurité, fintech, cleantech, réseaux sociaux, etc).
La Principauté a une opportunité de devenir un leader digital
Monaco peut ainsi jouer sa carte et construire son avenir en ciblant des secteurs d’excellence déjà reconnus comme des atouts voire des « assets » en principauté. Aujourd’hui, avec 35 banques et 58 sociétés de services, les activités financières ou liées à l’assurance représentent 14% du PIB monégasque, suivie par le secteur scientifique (15%). A eux deux, la construction (14%) et l’immobilier (9%) forment le premier secteur économique avec 23% du PIB ! Berceau du tourisme (avec une hôtellerie composée de 4 étoiles et de palaces), Monaco s’est illustré dans le sport et l’événementiel (AS Monaco Football, Grand Prix de Formule 1, Rallye de Monte-Carlo…), la santé (hôpital, centre cardio-thoracique, Institut de médecine du sport) et le yachting (avec ses brokers, ses régates historiques et son célèbre Yacht-Club dessiné par Sir Norman Foster).
La Principauté a un avantage indéniable: sa taille. Dans la révolution numérique actuelle, les petits pays se sont taillés la part du lion en développant leur compétitivité et leur pouvoir d’attraction. Selon l’étude IMD, huit pays du top 10 ont moins de 20 millions d’habitants, parmi lesquels Singapour, la Suisse, les Pays-Bas ou encore Hong Kong !
En Europe, le Danemark s’est ainsi positionné comme leader de la transformation digitale, en encourageant le commerce et l’industrie digital, et en fournissant le meilleur environnement technique et réglementaire pour accompagner cette digitalisation. L’ambition danoise est en effet de faire en sorte d’équiper ses citoyens pour qu’ils puissent prendre à bras le corps la révolution numérique actuelle. Aujourd’hui, ce petit pays scandinave – par sa population – occupe la première place dans l’index de l’économie et la société digitale mais aussi dans le classement de l’Union européenne pour son e-gouvernement !
D’autres petits Etats se font remarquer sur des secteurs de niche. Ainsi la Lituanie est devenue un hub Fintech en Europe avec 170 Fintech et 2600 employés dans ce secteur en 2018 ! Ce point d’entrée du marché financier européen réunit de nombreux talents de la banque et des nouvelles technologies, séduits par un cadre réglementaire qui permet aux Fintech de créer très rapidement leur activité. Un modèle à suivre ?
Selon le MDAC, Monaco a une opportunité réelle de devenir un leader digital. Surtout avec ses atouts : la Principauté, 2e plus petit pays au monde, après le Vatican, a une croissance économique annuelle forte en comparaison avec les autres pays européens (+6,1% en 2018). L’économie numérique représente déjà 5% de son PIB. Un chiffre qui devrait s’intensifier dans les prochaines années compte tenu de la transformation digitale impulsée par le programme #ExtendedMonaco.
A noter que cette transformation digitale a également un intérêt pour les deniers de l’Etat : l’Estonie, pays leader en matière d’e-gouvernement, aurait ainsi fait l’économie de l’équivalent de 2% de son PIB par an grâce à la dématérialisation des procédures administratives…
Une équipe de renommée mondiale
Les deux premières éditions du Monaco Digital Advisory Council ont réuni des personnalités éminentes du monde du digital, issus des secteurs public et privé (cf lien papier actu et écosystème). Secrétaires d’Etat, professeurs d’universités, dirigeants d’entreprises phares du numérique… Ces experts mettent leurs réseaux et entreprises au service de la Principauté, devenant ainsi de vrais ambassadeurs de la transition numérique monégasque en dehors de Monaco.
La connectivité, la souveraineté, l’urbanisme, ainsi que la transformation de l’écosystème concédé ou privé, sont des axes majeurs de leurs échanges. Vivian BALAKRISHNAN, Ministre des Affaires Etrangères de Singapour en charge de la Smart Nation, et invité d’honneur de la dernière édition, a ainsi pu évoquer l’expérience d’un des pays emblématiques du digital. Quatrième centre financier du monde, la cité-Etat asiatique, la cité-Etat asiatique est devenue un Eldorado pour les start-up et tout particulièrement les fintech.
